Biographie

Charlemagne

Né un 07 janvier par un matin glacial, à Wavrin, rue du Marais de la Fontaine… (c’est dire si ch’étot toudis fraique »). Un peu d’ histoire :
Charlemagne (de mon nom Francis, Charlemagne, Alexandre MENET) fils de Charlemagne MENET, planteur de tabac et de Gervaise BUISINE, couturière.

J’ai passé toute mon enfance à Wavrin (sud de Lille) avec parents et grands-parents dans les champs de tabac, près du château de la Vallée, dans les séchoirs à tabac du « bas de Poncho », dans la poussière de tabac qui polluait notre maison l’hiver…, bref chez les toubaqueux.J y ai parlé patois,avec gourmandise, naturellement. Avec Alexandre et Claire mes grands-parents paternels, avec les voisins, les camarades de la rue, j’ai toujours parlé patois. Avec ma mère et mes maîtres d’école (M et Mme Beugniez, M et Mme Beauvillain…) j’ai appris le français. Heureux les bilingues.

A Ancoisne, dans le bistrot que tenait près de l’église ma grand-mère Marguerite (dite Mémé les dés !) j’ai appris à boire du Malaga, à jouer à la manille, à attendre… J’ai vibré au bord du parc où « in battot les cos », j’ai attendu fébrilement avec « chés coulonneux » de mettre la bague dans le constateur.

Ma première grande virée en France fut  le trajet Ancoisne-Berne en Traction, en septembre 1961 pour aller encourager Jean Stablinski au championnat du monde. Hélas Rick Van Looy gagna devant De Fillipis et… Raymond Poulidor…

1469 km pour une passion… ça marque l’esprit d’un ado…Merci  Monanqu’Olivier.

Le dimanche, les jours de match à Jooris (Henri-Jooris, ch’ viux stat in bos, tout près de ch’canal…), mon père, Charlemagne, tournait la manivelle de la Peugeot 402. On s’arrétait à Lille-sud (prudence..)… et on prenait le tram vers le Stade.

Debout, je ne voyais quasiment rien les jours de foule. Je me souviens de Vincent, Bieganski, Pazur, Sommerlinck, Douis, Strappe, Bourbotte… Des gars du Nord… et de mes premiers match à Bollaert aussi, avec ses piquets ronds et ses projecteurs… Je me souviens d’un centre de Maryan Wisniewski, à quelques mètres de moi… magique…  coupe Drago, Lens–Lille… 3 à 3…,

A Wavrin je ne pouvais pas jouer au foot, il n’y avait pas de stade… ni de piscine, ni théâtre bien sûr… Village dortoir, d’ouvriers, de mineurs et de «cinsiers» aux équipements modestes alors. Quels changements ! Mais je l’ai toujours aimé, ch‘est min villach.

Etudes à Wavrin, Haubourdin (annexe de Faidherbe), Douai (école normale) puis Lille dans la boue des préfas de Villeneuve d’Ascq..en alternance avec l’école normale de Lille (rue de Londres) Blouse blanche pour les garçons et roses pour les filles…

Marié à 20 ans avec une fille de Locquinghen, défilé de mai 68 à Lille et à Dunkerque, coopérant, professeur à Djerba et père d’une première fille « djerbienne ».., d’un premier fils  à mon retour dans le Nord (Bailleul)

Nommé dans le sud-ouest (Castelsarrasin ) en 1975… j’ai surtout travaillé dans la formation d’adultes et fait quelques années de théâtre amateur avec Caroline Bertran (voir plus loin )  dans les années 80.

Deuxième noce avec une Toulousaine. 3 enfants de plus…

Nombreux aller-retours avec le nord….et toujours amateur de foot (Lille, Lens et  Toulouse.)
Ecriture du spectacle «j’te déringe, hein ?!» après une rencontre décisive avec Bertrand Cocq (tréteaux de l’Impasse) à Calonne – Ricouard,

Bertrand, grand auteur acteur et metteur en scène en picard, m’a asuré que le public de la région était friand de théatre patoisant pourvu qu’ il soit de qualité, pas vulgaire, et que les spectateurs se retrouvent, dans les personnages, leurs traits et leur culture. Fort de ces informations positives, j’ai décidé de m’y lancer.

La retraite pour moi ne pouvait signifier que nouvelles aventures, nouveaux réseaux de relations et nouvelle vie professionnelle. J’adore jouer à la belote mais ça ne peut pas remplir la vie d’un homme. Pour moi, travail a toujours rimé avec plaisir, passion et acharnement. En ça je reconnais des traits que le Nord porte en lui.

J’ai toujours  appris en faisant et en faisant avec les autres. Quand j’ai décidé de me lancer dans cette aventure théâtrale, je me suis appuyé immédiatement sur Caroline Bertran-Hours, actrice et metteur en scène à Toulouse et j’ai régulièrement recueilli les avis de tous les chtis de l’amicale de Toulouse.

Avec jean Marie ex-président des chtis de Toulouse

Ils sont tous disponibles, attentionnés, généreux en amitié.

Ils gardent l’ amour de la région d’origine sans se refermer sur le passé. Cela explique sans doute qu ils  soient si bien adoptés par les occitans. Je retrouve ça chez tous les présidents (es) des très nombreuses amicales de chtis, actives en France et ailleurs ,même jusqu ‘à… Hong-kong ! Je pense à Emile et son chti-book, à Christiane de Nîmes…à Jean d’Amélie les bains…à Joel à Pau…

Test du spectacle et première en public le 10 décembre 2007, organisée par l’Amicale des Gars du Nord, de Toulouse,

Et le 23 fevrier 2008… chez moi, à 100 m de mon école maternelle, , le retour… grâce à Marceline Dubusse, à Patrick Menegatti, à Eddy Rattej, à Corinne et toute l’equipe du théatre du Moulin… Jouer pour (avec !) mes parents, mes voisins… min cœur i buquot… min cœur i buquot…

Affiche d un spectacle à Wavrin théâtre Le Moulin
Depuis, j’ai joué à Noyelles Sous Lens (merci Bernadette), Tourcoing, Wavrin, Annoeullin (merci Corinne, Chantal et la compagnie Mic m’Acte), à Gondecourt, Hulluch, Ostricourt, Marquillies, Violaines POnt à Vendin… à Grenay, à Loos-Lez-Lille, Nimes, à Roubaix, Aix en provence…

Mon plus grand plaisir : quand un retraité de Sainghin, M D. s’est précipité sur moi à Annoeullin pour me remercier, les larmes aux yeux, de « l’avoir rajoni d’quarinte ans… »

Ce retour dans le nord ? un bonheur. Je ne m’y installerai pas car ma femme et mes enfants sont de vrais toulousains mais partager mon aventure dans le Nord avec ma sœur, retrouver mes camarades de classe, découvrir leurs enfants, apprécier le courage des générations nouvelles qui surmontent avec générosité et imagination les difficultés économiques de ces dernières décennies.

La Deûle au pont du Bac entre Wavrin et Ancoisne

Et la beauté de notre plaine, si lumineuse après « eune drache »et le plaisir suprême de communier dans le rire et l’émotion avec vous tous…

Nord pas mort…. Et Charlemagne non plus…

Ecrit en 2011 et relu en 2022. Pas une ride… la suite. ?..voir « la compagnie Charlemagne » sur la page d ‘accueil.